Marie-Véronique Gauduchon vient de terminer avec brio le Cycle 3D à e-tribArt avec la Certification RNCP Niveau 6 « Lead Infographiste ». Elle y a appris à performer sur des logiciels comme Unreal Engine, Maya, Photoshop, Substance Painter, ZBrush… elle nous relate son expérience et nous parle de son parcours !
Pouvez-vous vous présenter ?
Je me suis reconnue en écoutant Vincent Lindon ce matin : « Curieuse de tout et spécialiste de rien ». J’adore apprendre. Douée en sciences, je dessinais en cours, sur ma table et mes cahiers. J’aime aussi les Musées d’arts et l’histoire et sur le tard je commence à m’intéresser à la philo. Je suis mariée, j’ai trois enfants et j’habite à La Rochelle.
Quel a été votre parcours jusqu’ici ?
J’ai une formation d’ingénieure allant du tournage-fraisage à la biologie moléculaire en passant par la résistance des matériaux et la mécanique des fluides. J’ai exercé cinq métiers pour huit organisations différentes. Jusqu’ici mon fil rouge a été l’écologie : traitement des eaux, biodiversité, bilan carbone, financement participatif des énergies renouvelables. J’ai participé au démarrage de deux entreprises, qui existent toujours.
Comment est venue l’envie de faire votre métier ?
Lorsque Lumo a quitté La Rochelle, j’ai été obligée de changer de métier à cause d’une clause de non-concurrence. Ce fut l’occasion de faire un bilan de moitié de vie. Jeune, j’adorais dessiner mais j’avais laissé ce talent en friche.
Je me suis inscrite au cours de Bande Dessinée de Florent Silloray et le Mooc Il était Une Fois la Littérature Jeunesse et j’ai repris la musique avec l’atelier Ciné-Découverte de Sabrina Rivière. En un an, j’ai réussi à sortir quatre planches sur l’enfance de Vandana Shiva : c’était irréaliste d’en faire mon métier, j’étais trop lente.
J’ai commencé par utiliser Google Sketch-Up pour faire mes décors de Bande Dessinée, retrouvant ainsi le plaisir du dessin industriel (pratiqué cinq ans pendant mes études). Au Festival de BD d’Angoulême, je suis arrivée à la 3D numérique en découvrant des œuvres hybrides.
L’existence d’e-tribArt et la possibilité de suivre une formation en ligne et diplômante a été le déclic. J’ai pu financer une partie de la formation grâce à mon compte personnel de formation.
Comment s’est déroulée la formation e-tribArt ? Qu’en retenez-vous ?
J’ai l’impression d’être enfin « rassemblée » et de pouvoir à la fois utiliser mes compétences mathématiques et mon envie de raconter des histoires en images. La formation e-tribArt combine des aspects très techniques, presque scientifiques quand il faut se plonger dans la mécanique des effets spéciaux et la programmation pour créer en procédural, avec les aspects plus artistiques et créatifs : écriture de scénario, découpage en plans d’une séquence, positions des caméras, enchaînement des plans, éclairage des scènes …
Nous aurons vu toute la chaîne de production d’une œuvre visuelle 3D, fixe ou animée.
Dans le cycle 3D Lead Infographiste, nous avons accès à tous les logiciels du pipeline de production. L’école adapte ses formations à l’évolution des outils et de leur utilisation dans les studios. C’est frustrant car nous devons choisir et choisir c’est renoncer (il faut dormir la nuit pour assimiler tout ce qu’on apprend).
Pour ma part, je me sens opérationnelle sur Maya et Unreal Engine. Je fais le minimum vital sur Photoshop ou Subtsance Painter pour mes textures. J’espère avoir le temps de m’initier à Houdini pour exploiter mes productions dans Unreal ensuite. Dans mes rêves j’aimerais aussi être plus autonome en animation.
Que pensez-vous globalement de la situation du secteur de la 3D (au niveau de l’emploi, des études) ?
C’est un secteur en pleine effervescence où il n’y a aucun risque de s’ennuyer : c’est la troisième version d’Unreal Engine qui sort depuis que j’ai commencé la formation, avec à chaque fois des fonctionnalités nouvelles et utiles.
Issue des jeux vidéo, la 3D temps réelle devient un outil complémentaire pour la production de films d’animation et le cinéma tout court comme l’illustre le making of de la série The Mandalorian. Mais pas que.
J’ai pu assister à Virtuality Paris et Laval Virtual : deux salons professionnels consacrées à la réalité virtuelle. La 3D numérique investit des domaines aussi variés que :
- la formation : secouriste, incendie, sécurité, simulation d’accidents, travail sur des chaînes de production spécialisées,
- l’industrie : en particulier les digital twins qui permettent de valider en condition quasi-réelle un projet avant construction, le contrôle qualité ou la conception collaborative à distance mais aussi bien-sûr le marketing et la communication, la vente à distance,
- la santé : formation en conditions quasi-réelle, reprise du sport grâce au jeu, lutte contre la douleur ou le stress,
- la culture : reconstitutions historiques de villes et d’objets complexes pour la recherche ou le grand public, animations pédagogiques pour les musées.
Mon sentiment est que tout reste à faire : la technique va plus vite que la production de contenus (de qualité), les entreprises cherchent des infographistes 3D qui se débrouillent en programmation nodale.
Avez-vous des conseils pour les élèves actuels et futurs d’e-tribArt ?
J’avais déjà suivi plusieurs Moocs sur la plateforme France Université Numérique, j’étais déjà rodée au suivi de cours à distance.
Suivre un cours en ligne demande de l’organisation et d’y consacrer le temps nécessaire. C’est plus facile quand on est libre de son emploi du temps et qu’on peut répartir sa semaine entre les tutos, les exercices et le suivi des cours en ligne. Sans instaurer une routine stricte, un minimum de cadre est nécessaire pour suivre le rythme très soutenu de la formation.
Il faut aussi un bon équipement informatique (à adapter en fonction de la spécialité choisie) : j’ai commencé avec un simple portable, mais j’ai investi dans une tablette graphique, puis un PC fixe « gamer » avec une bonne carte graphique et enfin un casque de VR. C’est à prévoir au budget tout en y allant progressivement pour valider la motivation.
Je prends des notes (informatiques) : écrites ou captures d’écran que j’essaie de structurer tant bien que mal car la formation est intense. Parfois je sais que j’ai su faire mais j’ai un peu oublié comment et les notes font gagner du temps.
Travailler seul n’est pas toujours facile, je recommande aux futurs promos de se créer un espace de discussion (ex. Skype ou Discord), ça permet à la fois d’échanger des astuces, de se dépanner quand on coince sur un problème, de partager ses productions avant envoi au prof, mais aussi de faire une pause pour parler de tout et de rien : ça compense un peu la diminution de vie sociale.
Quels sont vos projets professionnels ?
Je n’ai pas perdu ma fibre écolo avec cette formation et d’ailleurs, j’ai des moments de doute quand je vois l’explosion de la consommation d’énergie et de matière liée au développement de l’informatique au sens large. J’ai été frappée de ne voir aucun questionnement à ce sujet dans les deux salons auxquels j’ai participé, avec au contraire des projections assez dingues d’équipement des foyers en casque VR par exemple. J’ai aussi vu des économies de matière et de transport liées aux digital twins.
Je souhaite mettre mes nouvelles compétences (principalement modélisation & co sous Maya et 3D temps réel avec Unreal Engine) au service de projets en lien avec les sujets qui m’ont portée toutes ces dernières années : transition écologique et sociétale, peut-être à travers des Serious Game pour l’éducation ou la formation, ou bien de la production audiovisuelle, voire des animations pédagogiques interactives pour des musées ou des expos.
A ce stade, j’hésite entre lancer ma propre structure ou bien chercher un poste au sein d’une équipe existante pour pouvoir me consacrer à la production sans la partie commerciale et administrative.
Pour décider, il faut que je creuse le business model de la production d’une œuvre de 3D temps réel : coûts, recettes, calendrier, temps de retour sur investissement, tout en approfondissant les scénarios que l’on discute déjà entre amies. Pour ce faire, j’imagine me rapprocher de La Rochelle Technopole et Eurekatech Angoulême qui accompagnent les entreprises innovantes.